Des marges qui contaminent le centre : le legs des festivals alternatifs
Les langages, codes et rituels testés dans ces festivals débordent aujourd’hui sur la scène sociopolitique. Les gestes d’assemblées (jazzhands, code du consentement), les cultures du prix libre, les initiatives multilingues se diffusent dans les mouvements climatiques massifs (Extinction Rebellion, Fridays for Future), dans l’espace militant numérique (Communications du Chaos Computer Club) et jusque dans certaines institutions culturelles tentant d’ouvrir leurs portes à de nouveaux publics.
Ce laboratoire européen dissonant, traversé de tensions et de fulgurances, se donne pour mission de faire du commun malgré les langues, au travers d’un alphabet commun de gestes, de sons, de regards et d’expérimentations relationnelles. Il rappelle, à qui veut bien écouter, que les mondes possibles s’inventent aussi dans la rugosité, le multilinguisme, l’entrechoc créatif des différences. La fête y devient rituel, la fraternité un langage qui s’apprend au fil du chemin.
Car, si un festival alternatif n’a pas de capitale, il a mille langues en partage – et c’est peut-être là sa subversive promesse.