Cartographie sensible des festivals alternatifs espagnols
L’Espagne, terre d’éclats et de résistances, n’a jamais cessé d’inventer ses propres manières de danser ensemble, de faire front, de tisser des complicités bruyantes sous le soleil ou l’asphalte. Depuis la Movida post-franquiste jusqu’aux récentes ZADs rurales, la péninsule a vu fleurir une mosaïque de festivals alternatifs où la fête ne se dissocie jamais vraiment du combat. Mais au-delà de l’image folklorique des « fiestas » de rue, ce sont des espaces de subversion concrète, d’accueil d’initiatives citoyennes, d’expériences d’autogestion et d’affirmation des luttes minoritaires qui s’inventent aujourd’hui dans ces rassemblements.
Car la scène alternative espagnole ne se contente pas d’enchaîner des concerts à la chaîne : elle s’érige comme un véritable laboratoire de résistances. De l’infatigable Rototom Sunsplash (Castellón) jusqu’aux rencontres rurales Rebrot (Catalogne), en passant par la galaxie bigarrée des festis libertaires madrilènes (No Callarem, Fusiòn, Festibal con B de Bici…), chaque espace, chaque scène, chaque stand revendique une manière d’habiter le monde, pieds nus dans la poussière, poings levés ou bras enlaçant les épaules voisines.
En 2023, près de 300 festivals alternatifs étaient recensés sur le sol espagnol par Festivales España, soit un foisonnement qui porte la signature d’une société civile inventive, décidée à mettre la musique au service de la construction collective (Festivales España).